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Team familial

Qualification GPM, Les Diablerets

Départ avec la famille L’hôte, à 6h30 du matin pour rejoindre la station des Diablerets à 7h45. Depuis Aigle,  tout au long de la route montagneuse qui mène aux Diablerets, se trouvaient des dizaines de  banderoles « Grand Prix Migros », accrochées sur les chalets, dans les lacets et sur les murs en pierre. Elles annonçaient l’événement que suscite cette course populaire et incontournable, partout en Suisse. Aussi, Malgré que nous nous rendions pour la première fois à cette course mythique, il n’a pas été difficile de trouver le bon chemin. La quantité de voitures et l’effervescence qui régnait sur le parking bondé de monde était impressionnant. 650 participants avec matériel au top, pour quasiment la totalité des coureurs, y compris, les plus lents…

Pour éviter les vomissements des petits passagers, petit déjeuner à la sauvette dans la voiture, sur le parking, avec le thermos rempli de thé chaud, du nectar,  petits pains au lait et barres de céréales. Papa aux dossards et maman à l’habillage et restauration. Il faisait un froid de diable (-15°), vent glacial, versant nord, neige dure, voir glacée. Conditions extrêmes qui à l’évidence, rendraient les conditions de course difficile. Il nous fallait faire environ 500m à pied pour rejoindre le pied de la piste. Je tirais Karl, pas 4 ans, skis aux pieds à l’aide d’un bâton, Anna et Jules, autonomes, se dirigeaient vers le télésiège, pendant que Pierre essayait désespérément de mettre ses chaussures refroidies, devenues béton, sur le parking…

Alors que la précipitation était de mise, nous avons opté pour une pause-café avant de prendre le télésiège, et ainsi éviter la queue et par la même l’engorgement sur la reconnaissance. Pause pipi générale, puis départ télésiège 4 places débrayable et avec bulle. Arrivés tranquillement au sommet, je prenais Karl en main, pendant que Pierre était responsable de la reconnaissance. Jolies pistes dans les sapins, heureusement Karl en grande forme, et les skis bien parallèles malgré la glace et le froid. Nous nous sommes tous retrouvés à l’arrivée. Puis thé chaud, emplacement au soleil et bar pour l’attente, d’enfin, prendre le départ. Anna trépignait, s’impatientait, se réjouissait, elle ne pensait qu’à une chose, podium pour aller en finale Suisse et peut-être voir Lara Gut, son modèle. Jules regardait partout, le monde, les skis, les tenues, les clubs, le matériel. Bonne pause de jeux avec leurs compagnons de Club, les Pianta et  les L’hôte. Enfin arrivait l’heure du départ, auquel il fallait se présenter 15 minutes en avance. Après encore un peu de tisane chaude au soleil, la mise en place du dossard sur le pull et une tablette de sucre de raisin, direction le départ pour Anna et moi. Pierre ferait le tour et surveillerait la fin du parcours avec Karl et Jules. Je lui ai enlevé les skis, petit échauffement, rechaussé les skis (parfaitement préparés par papa), elle était d’un calme bluffant.

Tellement contente, tellement impatiente, et si sereine en même temps. Elle partait 5, le parcours était gelé et très tournant. Ce qui ne ferait que l’avantager plus encore. Plus les conditions étaient dures et plus elle serait à son avantage. Le monde, les jolies tenues et accessoires issus des dernières collections ne l’impressionnaient pas, contrairement à moi qui étais stupéfaite de voir des petits aussi petits et certains si mauvais avec des combinaisons de courses. Anna avait ses skis rouges “qui font gagner”, acheté en fins de séries 2 ans auparavant, sa tenue de neige de petite fille, son casque noir et orange qui était le mien il y a plus de 10 ans et des lunettes que son papa avait porté du temps où il courait. Elle avait surtout quelque chose en elle qui ne s’achète pas.

Je lui chauffais les cuisses, le dos les bras, la veste encore sur les épaules. Le 4 partit, elle s’avança calme et décidée dans le portillon, elle savait ce qu’elle devait faire. Je l’ai poussée aux fesses au départ en l’encourageant et quand je l’ai vue partir, skier les premières portes, une vive émotion m’a envahie. Elle était impériale. Son attitude, sa combativité, sa résistance, ses trajectoires et cette pression qui la rendait meilleure encore, la rendrait difficile à battre.

J’ai toujours senti qu’elle avait un potentiel énorme, mais là, c’était particulier. C’est la première fois que la merveille sortait officiellement, et ce serait pour elle un grand jour. J’ai remis mes skis, descendue à vive allure rejoindre l’arrivée, Pierre, Karl, Jules et Anna. Pierre, papa ému, me confirma qu’elle était en tête et y resta définitivement. Jules d’ordinaire si méprisant à son égard lui confia qu’il avait pensé en la voyant, que c’était un “benjamin” qui s’était trompé de parcours, tellement elle allait vite! Une bombe. Elle relégua la deuxième à plus de 4 secondes. Pas une fille du petit parcours, pas même les plus âgées, ne la battront. Son temps était impressionnant. Elle avait été excellente. Elle irait en finale Suisse. Elle avait gagné, et avec quel éclat, sa première course.

Mais ni la course, ni la journée n’étaient finies, Jules devait encore prendre le départ, dans la dernière catégorie du petit parcours, lui aussi pour sa première course Suisse. Même préparation, mêmes rituels, même échauffement qu’avec Anna une heure auparavant. Il prit un bon départ et réalisa un parcours à son niveau, sous le regard de son papa dans l’aire d’arrivée, de son petit frère et de sa sœur. Il subira pourtant les aléas de la course sur les dernières portes, à quelques mètres de l’arrivée, où il rattrapa le coureur partit 30s devant lui ! Devant l’imprévu, il le doubla et ils passèrent la ligne d’arrivée ensemble. Il termina finalement et en dépit de cet imprévu rarissime, 4ème, au pied du podium, à quelques centièmes de la finale Suisse. C’était injuste, c’était rageant, décevant et cela contrastait avec la performance d’Anna. Cela reflétait pourtant tellement le sport, la course, la compétition et le ski en particulier. L’un gagnait, l’autre terminait « chocolat » et le 3ème était tout à sa joie de manger des saucisses. Le bilan sportif était brillant, complété par 2 médailles de bronze des « L’hôte », et 2 places dans les 10 des « Pianta ». Ces enfants étaient venus, humbles et modestes, avec une paire de ski, en pull et pantalon de ski et n’avaient rien à envier aux 650 autres compétiteurs du jour.

 

La petite Anna Maria Violon n’était pas seulement sur le podium, mais au sommet. Elle était rayonnante et intimidée, alors qu’elle recevait sa médaille d’or gravée “Grand prix Migros, Diablerets 2011”. Heureuse, surtout, de partager ce podium avec sa copine, Amélie, médaille de bronze.

Elle le méritait amplement, et même si nous savons combien la route est longue pour, peut-être, un jour, atteindre le sommet de l’élite mondiale, elle a démontré ce jour qu’elle a en elle tout ce qu’il faut pour y accéder.

Ce n’est que sa première course, une petite course régionale, mais ce jour restera un grand moment pour elle, pour nous ses parents, ses frères et les 2 familles qui nous ont accompagné.

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